Lundi matin, de retour à la maison après le Tour de Beauce, pas le temps de faire la grasse matinée: Beaucoup de boulot pour la préparation du Tour de Québec qui s'en vient rapidement et dont je suis le promoteur. En montant les marches ce matin, en ramenant l'épicerie de la semaine, les jambes lourdes, une pensée m'a traversé l'esprit; pourquoi le cyclisme est un sport autant addictif ? Pour y répondre, retour sur mon Tour de Beauce 2013.

 


Premièrement, je me considère bien chanceux d'avoir pu y participer à ce Tour de Beauce ! Depuis le début de l'année, j'ai essayé de trouver un commanditaire afin de pouvoir y participer avec mon équipe des États-Unis (Predator Carbon Repair). Devant l'échec de cette recherche, je me suis donc retrouvé sans équipe et toutes les équipes québécoises affichaient complet. Je décide malgré tout de rester au Québec afin de continuer l'organisation de mon événement. Coup de chance, à une semaine du Tour de Beauce, l'équipe Inteja, de République Dominicaine m'offre un spot sur l'équipe, les ayant contacté quelques jours auparavent, étant la seul équipe avec un spot libre sur la liste officielle. Après quelques échanges avec Diego Milan, le capitaine de l'équipe, le tout est réglé et je les aide avec plaisir avec la logistique d'organisation (roue de dépannage, table de massage, etc.).

Il s'agit de ma cinquième participation au Tour de Beauce déjà ! Je sais à quoi m'attendre. Bien que la préparation n'a pas été planifié en conséquence, je souhaite y participer pour préparer les championnats canadiens qui auront lieu une semaine plus tard. En effet, mis à part la Vuelta Independencia en février, j'ai fait presque exclusivement des critériums.

Étape 1 - Lac Etchemin - Lac Etchemin - 168km
La première étape d'un tour est toujours différente. Tout le monde est frais et nerveux. C'est sous un ciel couvert, mais sans pluie que le départ est lancé. Tout de suite de premières attaques se produisent, plusieurs coureurs suivent, il y a un petit temps mort alors je contre attaque immédiatement dans une petite bosse. Je creuse rapidement un petit écart et je suis rejoint par Alex Cataford (Garneau) et James Stemper (kenda). On roule à bloque pour creuser encore plus l'écart. Alors que je crève dans la première descente du jour, je dois attendre le peloton puis le dépannage neutre. De retour dans le peloton, la même échappée à déjà une avance conséquente et les équipes pros sont bien content de pouvoir laisser filer deux coureurs seul. Je dois donc patienter le reste de la course dans le peloton. Dommage, puisque ce duo passera pratiquement toute la course en échappée avec une avance culmunant jusqu'à 9min. Vers la fin de course, je me sens toujours bien, mais dans le final, panne de jambe dans la dernière bosse et je termine légèrement détaché du premier groupe à 33sec du vainqueur. Mon coéquipier Diego Milan est en bonne forme, mais malheureusement chute dans le final.

Étape 2 - Thetford-Mines / Thetford-Mines - 152km
La deuxième étape est assez similaire , mais présente des GPM un peu plus difficile. Il pleut dès les premiers kilomètres et c'est avec un imperméable et bien habillés que la plupart des coureurs disputent l'épreuve. Je me sens assez bien et passe les GPM en bonne position. Le dernier KOM et plus difficile provoque une séparation dans le peloton. Je fais partie des 3-4 derniers coureurs à basculer en tête. On roule à bloc pour revenir sur les quelques 40-50 coureurs en têtes qui forment le premier groupe. Dominique Rollin de la FDjeux, ici avec l'équipe canadienne, nous passe comme une balle dans la descente et fait la jonction tout seul alors que mon groupe de 3-4 arrive quelques secondes plus tard. Le peloton de tête est alors très réduit et je m'en réjouit, car je connais bien le final qui pourrait bien me convenir. Cependant, le rythme n'est pas suffisamment rapide et ça revient par petit groupe et on arrive environ 80 coureurs dans le circuit final. Je me sens bien et je suis en tête avec un tour à faire, dans la roue de mon coéquipier Milan. Malheureusement, un peu d'inattention fait en sorte que je perds ma position et entamme le dernier droit de beaucoup trop loin. Je remonte plusieurs positions et j'ai beaucoup de vitesse, mais ça sprint très large et il n'y a aucune place pour déborder. Je termine donc sur une décevante 14ème position sur les freins. Diego termine à quelques mm d'un podium en 4ème place. Le soir, je suis inquiet, car une douleur au genou survenu en début de course se montre plus vive. Je met de la glace et espère que la douleur s'atténue. Le lendemain matin, j'ai la chance d'avoir un petit traitement de Marie-Pier Blais de l'équipe québécoise Norco qui me fait un taping kinesio et quelques étirements.

Étape 3 - St-Georges / Mont-Mégantic  -164km
Étape reine du Tour de Beauce, ça part à fond de train. Par expérience, je sais que rien ne partira dans les premiers kilomètres de course puisque le profil est plutôt descendant et très rapide. En effet, la moyenne de course de la première heure est supérieur à 50km/h ! Vers la mi-course, je fais une brève apparence en échappée, mais l'entente n'est pas optimal et comme il y a des coureurs dangereux au général, le peloton roule fort derrière. Arrivé au premier KOM, le peloton laisse enfin filer un petit groupe et ralentit, mais c'est de courte durée puisque le rythme reprend et encore une fois il y a séparation dans le peloton. Par la suite, le rythme reste élevé jusqu'au pied du Mont Mégantic où sont rattrapés les quelques coureurs en échappée. Le groupe est déjà assez réduit par le rythme de course qui fut très rapide cette année et dès les premiers kilomètres, je laisse filer pour grimper à mon rythme en souplesse sur la 28. Je reviens sur quelques coureurs et continue à mon rythme tranquillement pour terminer à 7min du vainqueur, Paco Mancebo.



Étape 4 - St-Benoît-Labre, contre-la-montre - 20 km
Avec le mauvais temps des deux premières journée couplé à la fatigue des longues distances, mon corps est affaibli et je me réveille pendant la nuit avec un mal de gorge et de la fièvre. Heureusement, un clm de 21km est au menu, ce qui me donnera l'occasion de ne pas surmener mon corps. Sans vélo de clm, sur un parcours montée descente bien exposé au vent, c'est toutefois plus difficile que prévu et je dois pousser fort pour terminer dans les délais. Habituellement pas un manche au clm, je me prends une valise de 5min, toutefois bien dans les délais. En après-midi, je passe à la pharmacie pour acheter du Cold FX!

Étape 5 - Québec - 126km
Après une nuit troublé par de la température, le mal de gorge et la congestion, je me sens complètement KO. Au déjeuner, l'appétit n'est pas top et le niveau d'énergie est bas. Arrivé à Québec, la motivation monte cependant de courir à domicile et devant famille et amis. Encore une fois, ça part vite et je me positionne bien pour l'ascension de la côte de la Montagne que je connais bien. Le circuit de Québec est exigeant, mais c'est avant tout une course de positionnement. Rouler en queue de peloton peut s'avérer difficile, car il y a souvent cassure de coureurs fatigués, relances plus fortes, etc. Au quatrième tour, je casse un rayon dans la côte. Heureusement, le changement de roue s'effectue rapidement et je suis de retour au peloton pour la descente vers Gilmore. Malgré la fièvre et le niveau d'énergie qui est bas, je me sens assez bien et je parviens à rester dans le peloton de tête jusqu'à un tour de la fin ou je suis lâché et termine le dernier tour seul pour finir à 6min du vainqueur.



Étape 6 - St-Georges - 107km
Si la motivation était plus élevé à Québec, il n'en est pas de même à St-Georges alors que mon corps continue de s'affaiblir. Complètement vidé, j'entamme la course, m'accroche quelques tours, mais dans la deuxième moitié de course, je lâche contact. Si ce n'était que de moi, j'aurais plier bagages et rentrer me reposer à l’hôtel, cependant, j'ai terminé l'épreuve pour le classement par équipe, lequel était un élément important pour Inteja, équipe amateur, qui termine en 11ème position parmi plusieurs équipes professionnels. À l'arrivé, j'ai l'agréable surprise de constater la victoire de Diego Milan, coéquipier. Après y être passé tout près à plusieurs reprises, il concrétise et s'offre une très importante victoire pour son équipe et sur une course prestigieuse.

Je tiens à  remercier l'équipe Inteja, sans qui je n'aurais pu faire le Tour, les coureurs; Diego Milan, Jorge Perez, Ignacio Sarabia, Jose Franck Rodriguez, Augusto Sanchez, Emmanuel Nunez et le staff; Eladio Nunez et Victor Hernandez. J'ai bien apprécié le temps passé avec vous !

Pour en revenir au côté addictif du cyclisme, n'importe qui me lisant avec un peu de jugement doit se demander qu'est-ce qui peut nous pousser à aller aussi loin dans la souffrance, le dépassement de soi-même et surtout recommencer années après années. Je n'ai pas vraiment la réponse ! Si ce n'est qu'en vélo, il y a toujours un élément à améliorer et une prochaine course. En fin de compte, je crois que le point principale est qu'on oublie fort probablement plus vite les moments difficiles que les victoires et les moments d'extase où les sensations sur le vélo sont au meilleur.

Avec 6 jours de course intense dans les jambes, un peu de repos physique et mental, je devrais être bien aux championnats canadiens samedi prochain, encore à St-Georges ! Courant seul, je devrai faire preuve de patience, d'intelligence et si la chance est de mon côté, pourquoi pas en profiter !


Photo 1: Équipe Norco - www.facebook.com/pages/%C3%89quipe-Norco-BicyclesPremier-Tech/168421039855073
Photos: Credit @ Velo Images - steephill.tv - www.steephill.tv/tour-de-beauce/

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